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La Bastide de Bretenoux

En 866, le cartulaire de l’abbaye de Beaulieu mentionne l’existence de la Villa Bretonoro regroupant quelques propriétés rurales aux abords (rive droite comme rive gauche) de la Cère tout proches de sa confluence avec la Dordogne. L’étymologie la plus probable du toponyme s’explique par la présence sur le site d’une colonie de Bretons d’Armorique installés là depuis trois siècles.

C’est à cet emplacement stratégique qu’il va étendre « en direction des prairies d’Orlinde » au Sud, qu’à la fin du 13ème siècle, le baron Guérin de Castelnau, issu d’une des plus illustres et puissantes seigneuries du Quercy, décide de fonder sa propre bastide. La charte de coutumes et de privilèges qu’il octroie en 1277 aux habitants qui viennent peupler la ville neuve comprend notamment les droits de tenir foires et marchés et d’élire quatre consuls chargés de répartir l’impôt (la taille) dans le double intérêt du seigneur et de la communauté consulaire incluant les paroisses de Cornac, Felzines, Girac, Glanes, Lavaur, Saint-Martin, Saint-Michel, Tauriac et le Verdier. Les franchises accordées et le choix du lieu conférèrent à la cité le nom de Villa franca ad Orlindam.

Pendant la Guerre de Cent Ans en 1360, le Quercy devint momentanément une possession du Roi d’Angleterre (traité de Brétigny) et Villefranche d’Orlinde souffrit de l’occupation anglaise, faute de ne pas être fortifiée et probablement en représailles de l’allégeance indéfectiblement proclamée par la baronnie envers le roi de France. Elle se dota donc, tardivement en 1466, d’une enceinte haute de 5 cannes (10 mètres) et large de 4 pieds (1,30 m), longée par des douves et formant un quadrilatère presque carré d’environ 130 m de côté. Chacun des côtés était percé en son milieu d’une porte en cintre brisé d’où partaient les deux rues charretières principales. Ces deux carreras se croisent encore selon un schéma bi-axial à l’angle du mercadial, place publique pavée de galets (calade) et bordée de couverts servant de halle. Ce lieu, typique des bastides, constituait le cœur économique et social de la cité. La trame orthogonale (en damier) des rues charretières (5 à 6 m d’emprise) et piétonnes ou carrayrous (2 m) est également très caractéristique des « bastides du sud-ouest ». A l’extérieur de l’enceinte, les quatre faubourgs (barri) concentraient les activités artisanales et agricoles. Il semble en revanche que la cité n’eût pas à pâtir des Guerres de Religion grâce aux relations de l’influente baronnie auprès de la Cour de France.

La communauté consulaire connut son apogée au 17ème siècle mais se disloqua dans la seconde moitié du siècle suivant par suite, entre autres causes, de l’extinction de la baronnie. En 1769, le chef-lieu et les paroisses formèrent ainsi huit collectes (communautés distinctes) devenues communes en 1789 : Bretenoux, Biars, Cornac, Girac, Glanes, Prudhomat, Saint-Michel et Tauriac. Bretenoux connut toutefois un certain regain d’activité administrative aux 19éme et 20ème siècles en tant que chef-lieu de canton de l’arrondissement de Figeac.

De l’enceinte fortifiée il subsiste, en façade de l’actuelle mairie et au sud, des pans du rempart festonné de corbeaux de mâchicoulis et, au nord, la porte de la Guierle s’ouvrant vers la rivière.  Les blocs d’habitation sont séparés par les entremis ou andrones, étroites venelles destinées à recevoir les eaux pluviales et usées. De belles demeures aux fenêtres croisées de meneaux et le château du Fort (aujourd’hui siège de la mairie) ainsi que le manoir de Cère (actuel EHPAD) témoignent de la prospérité passée. La bastide s’anime encore les jours de marché (mardi et samedi) et sa foire ancestrale de la Sainte-Catherine persiste le samedi le plus proche du 25 novembre

D'après Michel Souilhe

La Bastide actuelle